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15/09/2015

Dix-sept cardinaux rappellent la doctrine catholique sur le mariage et la famille

3795216640.jpgROME, le 31 août 2015 – Le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, se trouve ces jours-ci à Ratisbonne, afin d’y présenter l'édition allemande de son livre "Dieu ou rien". Celui-ci a été publié en France au mois de février dernier et il est actuellement sur le point de paraître en neuf autres langues dans le monde entier, en raison de l'énorme intérêt qu’il a suscité, à cause de son contenu et de la personnalité de son auteur, comme www.chiesa l’a déjà montré :

> Un pape d’Afrique noire

À Ratisbonne, c’est le cardinal Gerhard Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, qui présentera le livre. La préface de l’édition allemande a été rédigée par l’archevêque Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire particulier de Benoît XVI.

Mais le pape émérite lui-même n’a pas manqué de dire au cardinal Sarah tout le bien qu’il pensait de son ouvrage. Il lui a notamment écrit ceci :

"C’est avec beaucoup de profit spirituel, de joie et de gratitude que j’ai lu 'Dieu ou rien'. La réponse courageuse que votre ouvrage donne aux problèmes suscités par la théorie du 'genre' pose avec netteté, dans un monde qui n’y voit plus clair, une question anthropologique fondamentale".

Sur près de quatre cents pages que compte l’ouvrage, il n’y en a que quelques-unes qui concernent le synode consacré à la famille. Mais ces pages-là ont produit une forte impression, en raison de la netteté et de la lucidité avec lesquelles elles s’opposent aux courants de pensée qui sont favorables à un changement dans la doctrine et dans la pastorale relatives au mariage, courants dont le représentant le plus en vue est le cardinal Walter Kasper.

Sarah ne fait pas partie du groupe de cinq cardinaux – le premier d’entre eux étant Müller – qui, à la veille de la session du synode qui s’est tenue au mois d’octobre dernier, ont fait bloc contre les novateurs en rédigeant un ouvrage collectif qui a provoqué des réactions vives et nombreuses.

Mais, alors que la seconde et dernière session du synode est proche, voici que de nouveaux combattants se lancent dans la bataille pour défendre la doctrine et la pastorale traditionnelles en matière de mariage : il s’agit non plus de cinq, mais de onze cardinaux, qui ont, cette fois encore, rédigé un ouvrage collectif. Et parmi eux figure Sarah.

Les dix autres sont, par ordre alphabétique :

- Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, Italie ;
- Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum de l’Église syro-malankare. Inde ;
- Josef Cordes, président émérite du conseil pontifical Cor Unum, Allemagne ;
- Dominik Duka, archevêque de Prague, République Tchèque ;
- Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, Pays-Bas ;
- Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne, Allemagne ;
- John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, Nigeria ;
- Antonio Maria Rouco Varela, archevêque émérite de Madrid, Epagne ;
- Camillo Ruini, vicaire émérite du pape pour le diocèse de Rome, Italie ;
- Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas, Vénézuela.

Le livre a pour titre :

"Le mariage et la famille dans l’Église catholique. Onze cardinaux apportent un éclairage pastoral".

Il sera publié à septembre en cinq langues : anglais (Ignatius Press), italien (Cantagalli), français (Artège), allemand (Herder), espagnol (Ediciones Cristiandad).

Et il ne s’agit pas d’un travail de compilation. Les textes qui y figurent seront publiés pour la première fois, à la seule exception de celui du cardinal Ruini, qui a déjà été mis en ligne, il y a un an, sur www.chiesa :

> Le vrai dilemme: indissolubilité ou divorce

Pour davantage de détails et d’informations en avant-première à propos du contenu de ce livre, voir :

> Marriage in Our Contemporary World: Pastoral Observations from an African Perspective

> Pre-Synod Book "Eleven Cardinals Speak on Marriage and the Family"

*

Mais ce n’est pas tout. En effet un autre livre collectif est sur le point d’être publié, également dans la perspective du synode. Ses  auteurs sont tous africains. Pour le moment il est édité uniquement en anglais, aux États-Unis par Ignatius Press et au Kenya par les éditions Paulines.

Son titre est :

"L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contributions de pasteurs africains au synode consacré à la famille".

Ce livre aussi a onze auteurs, tous évêques ou archevêques, dont sept cardinaux. Et parmi eux on trouve de nouveau Sarah, qui signe le premier des textes, dont un extrait est reproduit ci-dessous sur cette page.

Le livre comporte une préface qu’a rédigée le cardinal nigérian Francis Arinze, qui a été le prédécesseur de Sarah à la tête de la congrégation pour le culte divin. Voici le sommaire de l’ouvrage :

PREMIÈRE PARTIE
LE SYNODE CONSACRÉ À LA FAMILLE. D’UNE SESSION À L'AUTRE

Cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin :
"Quel type de miséricorde pastorale en réponse aux nouveaux défis concernant la famille ? Une analyse des Lineamenta"

Barthélemy Adoukonou, évêque secrétaire du conseil pontifical pour la culture :
"Partir d’une foi vivante. Une lecture africaine de l'Instrumentum laboris"

DEUXIÈME PARTIE
L’ÉVANGILE DE LA FAMILLE

Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé, Togo :
"L'importance de l’enseignement récent du magistère en ce qui concerne le mariage et la famille"

Cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou, Burkina Faso :
"L'indissolubilité du mariage et la fondation de la famille humaine"

Cardinal Berhaneyesus D. Souraphiel, archevêque d’Addis-Abeba, Éthiopie :
"Comment promouvoir une véritable compréhension du mariage et accompagner les couples mariés"

TROISIÈME PARTIE
SOIN PASTORAL DES FAMILLES EN DIFFICULTÉ

Cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala, Cameroun :
"Le mariage en situations de difficulté ou de faiblesse. Séparations, divorces, remariages"

Antoine Ganye, archevêque de Cotonou, Bénin :
"Monogamie et polygamie. Défis et préoccupations pour la vérité de l'amour dans les cultures africaines"

Cardinale Théodore Adrien Sarr, archevêque émérite de Dakar, Sénégal :
"Les défis des mariages mixtes et interreligieux"

Samuel Kleda, archevêque de Douala, Cameroun :
"Le soin pastoral des familles blessées"

ÉPILOGUE
UN APPEL DE L’ÉGLISE AFRICAINE AUX ÉTATS

Cardinale Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, Côte d'Ivoire :
"Pourquoi l’État doit-il soutenir la famille ?"

*

Ce livre fait donc comprendre clairement que, au cours du synode à venir, le bloc des évêques d’Afrique va certainement jouer un rôle de premier plan et qu’il va constituer un rempart compact face aux propositions de changement en matière de divorce et d’unions homosexuelles. C’est ce qui était déjà apparu de manière évidente au symposium d’Accra qui a réuni, au mois de juin dernier, les présidents des conférences des évêques de ce continent :

> Synode. L'heure de l'Afrique

Dans l’extrait du texte du cardinal Sarah qui est publié ci-dessous en avant-première, on trouve des références brèves mais très critiques au langage et au contenu des "Lineamenta", c’est-à-dire du document officiel qui est le résultat de la première session du synode et qui sera utilisé comme base pour une discussion ultérieure.

Toutefois les personnes qui liront, dans le livre, ce texte dans son intégralité constateront qu’il ne s’agit pas de références uniquement allusives. En effet, juste avant l’extrait qui est reproduit ici, le cardinal Sarah consacre plusieurs pages précisément à une critique point par point des "Lineamenta", avec des sous-titres et des introductions tels que ceux qui suivent ici :

- "UN POINT QUI LAISSE PERPLEXE"

"Au paragraphe 14, le document semble insinuer qu’insister sur l’indissolubilité du mariage, c’est la même chose qu’imposer un joug aux gens et il donne l'impression de considérer le modèle mosaïque comme valide, étant donné, dit-il, que Jésus lui-même fait référence à celui-ci. Devrions-nous alors supposer que l’on peut revenir à l'époque de la 'dureté de cœur' des temps d’avant l’Évangile ?…".

- "POINTS INACCEPTABLES, SCANDALEUX"

"On passe ensuite de ce qui laisse perplexe à ce qui est inacceptable. C’est le cas lorsque, au paragraphe 27, le document défend le concubinage comme une voie à suivre. […] Dans beaucoup de régions d'Afrique où les usages prescrivent un 'mariage traditionnel indissoluble' – qui est plus stable, par conséquent, qu’un mariage civil – l’Église locale n’a en aucun cas l’autorisation d’utiliser un pareil langage. Et si elle le faisait, non seulement elle détruirait son ministère pastoral envers les familles, mais elle serait également en contradiction avec l’Évangile et elle scandaliserait les païens…".

- "LES RÉSULTATS DE LA CONFUSION : EN METTANT DE CÔTÉ DIEU ET LA DOCTRINE ON CRÉE UNE GRANDE CONFUSION PASTORALE"

"Il est stupéfiant que le même document qui affirme clairement, au paragraphe 5, qu’il y a une 'crise de la foi qui a atteint un très grand nombre de catholiques et qui est fréquemment à l’origine des crises du mariage et de la famille' ne tire par la suite aucune conclusion de ce fait. Pourquoi ne dit-il pas que le premier défi à relever est la crise de la foi ? Pourquoi propose-t-il, au paragraphe 33, dans une perspective particulièrement déconcertante, de procéder à une rénovation de la manière de s’exprimer de l’Église en ce qui concerne des situations qui sont objectivement contraires à l’Évangile, comme s’il s’agissait simplement d’une question de 'paroles' ou de 'langage' ?…".

*

Voici donc ci-dessous l’extrait du texte du cardinal Sarah.

En celui-ci, la "parrhésie", la franchise que le pape François a tellement appelée de ses vœux pour les discussions synodales, a certainement un représentant de premier ordre.

__________



QUEL GENRE DE MISÉRICORDE PASTORALE?

par Robert Sarah


Les "Lineamenta" indiquent que, dans le contexte ecclésial beaucoup plus vaste qui est défini par "Evangelii gaudium”, le nouveau chemin tracé par le synode extraordinaire a comme point de départ les ”périphéries de l’existence", qui nécessitent une approche pastorale caractérisée par une "culture de la rencontre, capable de reconnaître l’œuvre librement réalisée par le Seigneur, y compris en dehors de nos schémas habituels, et d’assumer sans restrictions cet état d’'hôpital de campagne' qui est tellement utile à l’annonce de la miséricorde de Dieu" (introduction aux questions après la “Relatio synodi", première partie).

Dès lors la question qu’il convient de se poser est la suivante : quelles sont ces périphéries de la vie dans le nouveau contexte socio-culturel auquel nous sommes actuellement confrontés ?

L'impact de la mondialisation sur les cultures humaines a été tellement destructeur que non seulement les institutions sociales traditionnelles, mais également les valeurs qui soutiennent celles-ci, ont été ébranlées jusque dans leurs fondements. Une idéologie relativiste est en train de se répandre dans toutes nos sociétés contemporaines par l’intermédiaire du pouvoir politique et législatif (par exemple du fait de nouvelles lois qui déconstruisent la famille et le mariage et qui spéculent sur la vie humaine), du pouvoir financier (dans le cas des fonds destinés au développement et dont l’attribution est conditionnée par l'adoption de documents "anti-famille" et "anti-vie"), et tout particulièrement du pouvoir des médias.

Si nous en croyons le président du conseil des conférences des évêques d’Europe, “la vie commune de facto est désormais devenue la norme" dans les pays de l’hémisphère Nord, une donnée qui est confirmée par des études sociologiques. Vivre dans une famille chrétienne, selon les valeurs de l’Évangile, est devenu une situation marginale par rapport à ce que fait la majorité des gens. Les familles chrétiennes, dans ce contexte, sont maintenant en minorité non seulement au point de vue numérique, mais également au point de vue sociologique. Elles sont victimes de discriminations silencieuses mais oppressantes et implacables. Tout est contre elles : les valeurs dominantes, la pression médiatique et culturelle, les liens financiers, la législation en vigueur, et ainsi de suite. Et l’Église elle-même, à travers des documents tels que les "Lineamenta", semble les pousser, elle aussi, vers une telle situation.

Si les "Lineamenta" sont formulés dans le langage dont nous avons pu prendre connaissance, quel type d’Église s’occupera alors de ce "petit reste" ? Qui fera entendre la voix miséricordieuse du Bon Pasteur, qui ne cesse de nous répéter : "Sois sans crainte, petit troupeau" (Lc 12, 32) ?

Est-ce que nous n’avons pas rencontré ici la véritable "périphérie" de notre village planétaire postmoderne ? Espérons que le synode qui va avoir lieu ne chasse pas de la "grotte de Bethléem" (l’Église) la petite famille chrétienne qui a trouvé de la place dans les auberges de la "Cité du roi David" (notre monde globalisé). Les belles familles chrétiennes qui, à l’heure actuelle, vivent héroïquement les valeurs exigeantes de l’Évangile sont aujourd’hui les véritables périphéries de notre monde et de nos sociétés, qui parcourent la vie comme si Dieu n’existait pas.

En plus de ce "petit reste", il existe une seconde catégorie qui demande, à haute voix, qu’on lui accorde davantage d’attention pastorale. Il s’agit des victimes du système postmoderne, qui ne s’avouent pas vaincues. Elles ne se sentent pas chez elles dans ce monde sans Dieu. Elles portent en elles la nostalgie de la chaleur de la "famille chrétienne", mais elles ne sentent pas en elles la force qui leur permettrait de revenir à ce mode de vie radicalement évangélique.

On a l’impression que nous présentons aujourd’hui à ces personnes une Église rigide, une mère qui ne les comprend plus et qui leur ferme la porte au nez. Et il y a des gens qui s’efforcent de les convaincre qu’elles sont jugées et condamnées précisément par ceux-là mêmes qui devraient les accueillir et prendre soin d’elles. Personne n’a le droit, au lieu de les aider à découvrir l’horreur du péché et à demander à en être libérées, de leur offrir un genre de “miséricorde” qui n’a pas d’autre effet que de les laisser s’enfoncer encore plus profondément dans le mal.

Toutefois ces frères et ces sœurs qui ont été vraiment blessés par la vie ne se laissent pas tromper par ce comportement. Ils ont soif de vérité en ce qui concerne leur vie, pas de commisération ou de propos douceâtres. Ils savent très bien qu’ils sont victimes du système mondial qui a pour objectif d’affaiblir et de détruire l’Église. Ils ne sont pas de ceux qui répandent des idéologies relativistes qui sapent les fondements de la doctrine chrétienne et annulent la Croix du Christ.

Ils se perçoivent comme semblables au pécheur dont parle saint Augustin, qui, bien que ne ressemblant pas à Dieu par l’irréprochabilité qu’il a perdue, désire néanmoins lui ressembler par l’horreur que lui inspire le péché. C’est pour cette raison, en effet, qu’ils ne veulent pas qu’on les empêche de crier au ciel : "Qui nous donnera le salut ?”, "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" et qu’on leur promette au contraire quelque chose que le Christ n’a jamais promis de donner.

Dieu n’a jamais fermé son cœur à ces frères et à ces sœurs et l’Église, qui est sa servante, ne peut pas non plus le faire. Mais comment l’Église peut-elle adopter une approche pastorale de miséricorde à leur égard ? En évitant de mettre, par la communion sacramentelle, un pansement sur une blessure qui n’a pas été soignée par le sacrement de la réconciliation reçu comme il se doit.

Si son approche pastorale doit être non pas la condamnation, qui maltraite la personne blessée alors que celle-ci est déjà porteuse d’une plaie qui saigne, mais plutôt la présence pleine de compassion, alors l’Église ne peut pas faire semblant d’ignorer l'existence réelle des dommages provoqués par la blessure ; elle doit au contraire appliquer le baume qui provient de son cœur, de telle sorte que cette blessure puisse être soignée et pansée en vue de la véritable guérison.

Cette sorte de présence respectueuse, avec une manière renouvelée de voir les faits qui vient de Dieu, ne qualifiera donc jamais de "bon" quelque chose qui est mauvais ou de "mauvais" quelque chose qui est bon, comme le rituel d’ordination des évêques le leur rappelle. Il s’agit d’une pastorale d’espérance et d’attente, de même que le père miséricordieux attend son fils prodigue. Comme le Bon Pasteur, l’Église devra aller chercher ses enfants qui se sont éloignés, les prendre sur ses épaules, les tenir serrés, et ne pas les renvoyer de nouveau dans les ronces qui ont lacéré leur vie. Voilà la signification de la miséricorde pastorale.

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Le document qui a été élaboré lors de la première session du synode consacré à la famille :

> Lineamenta

Et le document de travail pour la seconde session :

> Instrumentum laboris


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Par Sandro Magister. Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.

 

Des cardinaux en librairie pour rappeler l'enseignement du Christ

Philippe Maxence | L'Homme Nouveau | 2 septembre 2015

2909363986.jpgLa parution du livre d’entretiens avec le cardinal Robert Sarah en février dernier a permis à un large public de découvrir ce serviteur de l’Église à la parole claire et directe, loin des discours équivoques et des compromissions mondaines (1). L’entretien que nous avions eu avec lui, puis l’une de ses interventions importantes que nous avions publiée par la suite ont d’ailleurs largement rencontré l’enthousiasme de nos lecteurs (2). Au mois de juillet dernier, le cardinal Sarah s’est rendu également dans plusieurs endroits de France, confirmant à chaque fois cet enthousiasme. Il a surtout offert aux fidèles d’asseoir leur vie spirituelle dans la splendeur de la vérité. Et la grande nouvelle du christianisme, c’est que la vérité a un visage et un nom et qu’elle est entrée dans notre Histoire humaine pour nous conduire à la vie éternelle.

Un autre cardinal vient également nous apporter le réconfort d’un discours ferme et profondément ancré dans le Christ. Sur le fond, l’accord est total entre le cardinal Robert Sarah et le cardinal Raymond Leo Burke qui répond aux questions de Guillaume d’Alançon, dans un livre à paraître à la mi-septembre aux éditions Artège (3). En exclusivité, on en trouvera ici de bonnes feuilles (cf. page 14-15). On pourrait croire que les deux cardinaux appartiennent à un même clan ou une même coterie. Or, si finalement les propos du cardi­nal africain et du cardinal américain entrent en syntonie, c’est que l’un et l’autre servent la même Église et ont reçu le même enseignement, bel exemple de l’universalité réelle de l’Église.

De fausses images

Ici ou là, dans la presse ou sur les blogues, des propos circulent accusant le cardinal Burke d’incarner l’Église de la richesse, du passé, de la dureté de cœur, du faste, voire de l’ignorance des réalités du monde actuel. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, cette image grossière, médiatiquement facile, ne me semblait pas correspondre à la réalité du personnage pas plus, qu’à l’époque, ne correspondait au cardinal Ratzinger la caricature faite de lui d’un « Panzerkardinal ». Là aussi, pour avoir eu l’honneur de m’entretenir à plusieurs reprises avec lui, j’avais pu constater cette contrefa­çon journalistique.

C’est pourquoi nous avons enquêté sur le cardinal Burke et nous livrons dans le dossier de ce numéro le fruit de nos recherches. On y constatera qu’issu d’une simple famille rurale, Raymond Burke a toujours cherché à entrer dans l’esprit de l’Église et non à incarner des idées personnelles, aussi justes soient-elles. Sa formation de juriste l’a certainement incliné à s’effacer toujours davantage derrière l’Église qu’il a promis de servir à son ordination. Jean-Paul II, qui l’a choisi comme évêque, puis Benoît XVI, qui l’a appelé à Rome, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.

Une humilité rayonnante

cardinal burkeDe ce fait, comme saint Paul, ce cardinal américain n’hésite pas à rappeler, à temps et à contretemps, l’enseignement du Christ. On verra dans le dossier de ce numéro que ce rappel s’accompagne de rencontres avec des personnes blessées qui parfois ne comprennent pas le message de l’Église. C’est l’une de ces personnes, un homosexuel, qui a révélé au grand jour sa rencontre avec le cardinal Burke, choqué des attaques dont ­celui-ci était l’objet. Le cardinal n’en avait jamais parlé publiquement. À l’humilité ostentatoire de certains, il préfère assurément une humilité plus discrète qui implique de remplir jusqu’au bout, malgré certains désagréments bien réels, le rôle dont l’Église l’a investi.

Mais l’on verra aussi que le cardinal Burke est loin d’être isolé, notamment dans sa défense du mariage catholique et, plus largement, de l’enseignement de l’Église en matière de liturgie. Là encore, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Pas besoin, en effet, de représenter un parti ou un courant dès lors que l’on s’efface entièrement derrière l’enseignement reçu et transmis depuis les apôtres et certifié par le magistère constant de l’Église. Paradoxalement, il est heureux qu’un cardinal comme Raymond Burke n’ait rien de spécifique en la matière. C’est quand la personnalité et les idées personnelles supplantent le rappel de la doctrine catholique, qui est notre bien commun à tous, qu’il faut s’inquiéter. Un autre livre du cardinal Burke sur l’Eucharistie, à paraître également en septembre aux éditions Via Romana, illustre bien à ce titre la beauté d’un auteur s’effaçant derrière le patrimoine spirituel et doctrinal de l’Église (4). À nous, à notre place, d’adopter une attitude similaire plutôt que d’entretenir cette espèce de guerre civile qui oppose des catholiques à d’autres catholiques, des frères à des frères.

 

1. Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 euros.
2. Cf. nos numéros 1588 du 11 avril 2015 et 1594 du 4 juillet 2015.
3. Guillaume d’Alançon, Un cardinal au cœur de l’Église, Artège, 230 p., 18,50 euros.
4. La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, Via Romana, 300 p., 23 euros.

Ce billet a été publié dans L'Homme Nouveau, je commande le numéro

 

cardinal sarah

 

30/07/2015

Cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

cardinal sarah, robert sarah

ARTICLE | Famille chrétienne | 10/06/2015 | Numéro 1952 | Par Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont
Au prochain Synode sur la famille, les évêques africains n’ont pas l’intention de permettre que les débats soient monopolisés par l’Occident déclinant. Entretien avec leur figure de proue, le cardinal Robert Sarah. Tonique !
 
Avez-vous le sentiment que l’Afrique a été la grande oubliée du Synode sur la famille ?
Elle s’est exprimée et on ne l’a pas oubliée ! On n’a pas voulu l’entendre mais elle a bien été présente. Nous étions tout sauf silencieux !
Sur quels sujets les évêques africains se sont-ils particulièrement engagés ?
Notre souci est d’encourager, de mettre en valeur, de protéger la beauté de la famille. Sans la famille il n’y a pas de société ni d’Église. Ni même d’avenir. La famille est le lieu où l’on apprend à servir les autres, à les aimer, à leur parler, à les supporter. C’est aussi là que se transmettent les valeurs, la culture, la foi.
Quelle est la spécificité, à cet égard, de l’Afrique ?
Nous aimons la famille, notamment la famille élargie, la famille nombreuse, l’Église-famille. Nous avons conscience d’être la famille de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Notre vision philosophique c’est que l’homme n’est rien sans la femme et que la femme n’est rien sans l’homme, et que les deux ne sont rien sans un troisième élément qui est l’enfant. L’enfant est une bénédiction, un don précieux de Dieu. La famille, c’est un homme et une femme qui s’aiment mais aussi qui sont ouverts à la transmission de la vie.
Vous avez l’impression que ces aspects se sont perdus en Occident ?
Regardez l’Occident qui vieillit, qui n’a pas d’enfants. C’est comme un suicide collectif.
Y a-t-il un risque de contamination, pour les Églises en Occident ?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre ! Si vous vous baignez dans une rivière boueuse, vous en ressortez couvert de boue ! En vivant dans un certain contexte, on risque de se laisser contaminer. Je pense que l’Église en Occident reste fidèle à sa mission. Mais il faut craindre que l’ambiance culturelle, l’absence de Dieu, la sécularisation, puissent la contaminer. Je ne dis pas que c’est fait, mais le risque est là !
Comment faire face à ce danger ?
Il faut avant tout que l’Occident retrouve ses racines, c’est-à-dire Dieu ! Nous vivons dans un contexte culturel où Dieu est absent. Les chrétiens sont dans une ambiance d’apostasie silencieuse. Tant que l’Occident ne retrouve pas les fondements de son être, son identité, sa culture chrétienne et Dieu Lui-même, je ne vois pas comment il peut revivre.
Quels pourraient être les moyens concrets conduisant à cette résurrection ?
L’évangélisation, les sacrements. Mais aussi la sacralité, la beauté de la liturgie, tout faire pour susciter une ambiance favorisant un réel contact avec Dieu. La liturgie permet ce lien vital, personnel et intime avec Dieu. C’est pourquoi il faut qu’elle soit la plus belle possible.
Le pape a évoqué la colonisation idéologique exercée actuellement par l’Occident en Asie. Vous évoquez le même sujet pour l’Afrique et vous y voyez la marque du diable…
En créant Adam et Ève, Dieu a créé la famille. Le mariage est un don que nous recevons de Dieu. Chercher à le détruire par des lois ne peut venir que du démon. Celui-ci cherche à briser l’œuvre de Dieu. C’est le cas aussi lorsqu’on redéfinit le mariage et la famille, comme cela s’est produit dans votre pays. Aucune civilisation dans l’Histoire n’a légiféré sur l’union matrimoniale de personnes de même sexe, comme vous l’avez fait l’an dernier.
Comment se passe, concrètement, cette colonisation ?
La plupart des gouvernements africains s’entendent dire : si vous n’acceptez pas la théorie du gender, si vous n’acceptez pas les droits des homosexuels, le droit à l’avortement, vous n’aurez pas d’aide financière. Le droit se trouve ainsi dénaturé. C’est la raison pour laquelle le pape dit : il faut vous rebeller, il faut dire non au colonialisme idéologique qui détruit la famille.
Connaissez-vous des pays africains qui disent non ?
Le Sénégal, par exemple. En arrière-plan se trouve la question suivante : pourquoi les pays occidentaux ne veulent-ils pas accueillir l’Asie ou l’Afrique avec leurs richesses et leurs valeurs culturelles propres ? Pourquoi penser qu’il n’y a que la manière ou la vision occidentale de l’homme, du monde, de la société, qui soit bonne, juste, universelle ? L’Église doit se battre pour dire non à cette nouvelle colonisation.
Est-ce l’un des enjeux du Synode ?
Au Synode d’octobre prochain, nous allons, je l’espère, aborder la question du mariage de façon avant tout positive, en cherchant à promouvoir la famille et les valeurs qu’elle porte. Les évêques africains interviendront pour soutenir ce que Dieu demande à l’homme sur la famille et accueillir ce que l’Église a toujours enseigné.
Les évêques africains sont-ils tous déterminés à aller dans ce sens-là ?
On n’a pas besoin de se concerter pour réaffirmer que le mariage est un et indissoluble. C’est quelque chose de connaturel ! Certains se concertent pour être plus forts, croyant que ce sont les pressions qui l’emportent. Comme si la doctrine était une question de pression ! En Afrique de l’Ouest on donne aux futurs mariés un fruit appelé la cola : la moitié au marié, l’autre à la mariée, et ils doivent la manger. Une fois que c’est fait, le maître de cérémonie dit : restituez-moi la cola comme elle était avant. Et ils répondent : c’est impossible ! Cela symbolise le fait que le mariage ne se casse pas. Même chez les païens cette indissolubilité du mariage est reconnue.
Ne peut-on pas envisager des exceptions ?
Jésus a-t-Il évoqué une exception ? Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le défaire. Ce n’est pas une intransigeance ni un fondamentalisme. C’est une loi de Dieu, qui veut le bien de la famille. On pourrait me dire : mais j’ai mieux réussi dans mon deuxième mariage ! D’accord, toi tu as réussi, mais tes enfants ont-ils réussi ? Et ta femme a-t-elle réussi ? La cassure d’un mariage, les brisures psychologiques et la terrible souffrance que provoque un divorce, sont-elles une réussite ? Peut-on construire sa réussite et son bonheur en imposant au conjoint et aux enfants des brisures et des souffrances humaines irréparables ?
Est-ce qu’on a assez parlé des enfants pendant ce Synode ?
On n’en parle presque jamais ! Alors que c’est le vrai drame de l’Occident. Pensez à toutes ces familles où les enfants sont ballottés entre leurs parents séparés. Et la personne qui est abandonnée, alors qu’elle avait tout donné, quelle souffrance ! Personne ne peut consoler cette cassure-là ! Or on ne pense pas à ces gens qui souffrent ! On a seulement pitié de ceux qui contractent un nouveau mariage civil et qui veulent communier. Pourquoi une telle myopie ?
Y a-t-il de vraies fractures aujourd’hui au sein de l’Église ?
Entre ceux qui suivent le Christ ou qui suivent Dieu, il n’y a pas de fracture. Le Christ est leur rocher. Si on s’appuie sur Lui, il n’y a pas de division. Ceux qui s’éloignent de Lui ne causent pas une fracture. Ils se détachent. Mais ils ne cassent pas l’Église. Ils quittent Jésus, son enseignement et son Église.
Que dire aux chrétiens qui ont été désemparés lors du Synode d’octobre dernier ?
Dites-leur de lire Dieu ou rien [le livre d’entretien avec le cardinal qui vient de paraître chez Fayard] ! Notre secours est dans le nom du Seigneur, disons-nous souvent. Ce livre a l’unique intention de consolider la foi des gens, de les rassurer, en leur rappelant que Dieu a parlé et qu’en vivant sa parole nous sommes en sécurité. Dieu a confié sa parole à l’Église. En suivant l’Église et ses enseignements, nous sommes en sécurité. Suivons courageusement et fidèlement celui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie  »: Jésus Christ, Lui, la Parole de Vie et la Lumière.
Malgré les épreuves ?
Oui ! Regardez : des gens meurent par fidélité à leur foi en Jésus aujourd’hui, au Pakistan, au Moyen-Orient, en Afrique. Ils meurent égorgés pour la parole de Dieu et le témoignage de leur foi. Et nous, nous voulons annihiler l’Évangile, le réduire au minimum. Que les chrétiens aient des yeux ouverts pour regarder ceux qui meurent pour le Christ. Ils sont un Évangile vivant.
Pour vous, qu’est-ce que l’Afrique apporte aujourd’hui à l’Église ?
L’Afrique a toujours été impliquée dans le projet de Dieu. Regardez la Révélation ! Lorsque Dieu a voulu établir une alliance avec l’homme, cela a commencé en Égypte. C’est l’Afrique qui a sauvé Jésus : quand Hérode cherchait à Le tuer, Marie et Joseph se sont réfugiés en Égypte. C’est un Africain qui a aidé Jésus à porter la croix : Simon de Cyrène ! Dès le départ Dieu a voulu impliquer l’Afrique dans le salut du monde. Car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui, dans le monde, est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi pour réaliser le salut de l’humanité » (cf. 1 Co 1, 27).
Les derniers papes ont-ils pris la mesure du rôle de l’Afrique ?
Absolument ! Ils lui ont manifesté toute leur confiance. Paul VI a déclaré en 1969 : « La nouvelle patrie du Christ, c’est l’Afrique ». L’Afrique s’ouvre largement à l’Évangile, comme le montre la croissance du nombre de chrétiens, passés en un siècle de 2 millions à 200 millions (voir Repères). Benoît XVI a dit que l’Afrique était le poumon spirituel de l’humanité. Jean-Paul II, de son côté, a déclaré que le nom de chaque Africain était inscrit sur les paumes crucifiées du Christ. Autrement dit, l’Afrique, dans sa pauvreté, sa faiblesse, ses maladies… est utilisée par Dieu pour manifester sa puissance. C’est pourquoi nous voulons prendre nos responsabilités. Qu’on nous écoute ou qu’on ne nous écoute pas, nous parlerons et on entendra notre parole. Nous nous exprimerons avec respect, délicatesse, mais aussi avec force, en nous appuyant uniquement sur Dieu, notre force.
 
Repères
En Afrique, le nombre des chrétiens est passé en un siècle de 2 millions à 200 millions.
Entre décembre 2001 et décembre 2011, on y a enregistré une augmentation de:
+ 39,5% de prêtres diocésains et de religieux ;
+ 18,5% de religieux non prêtres  ;
+ 28% de religieuses.
(Annuaire 2011 des statistiques de l’Église.)
 
Le pape a récemment cité un auteur, Mgr Benson, lequel, dans son ouvrage Le Maître de la terre, décrit d’une manière prophétique beaucoup de dérives actuelles…
Ce qui se passe aujourd’hui, surtout en Occident, est une œuvre du démon. Le plus grave est de vouloir imposer ces dérives aux autres continents et cultures. On nous parle des droits de l’homme, mais n’avons-nous pas des droits nous aussi, à ne pas nous voir imposer toutes ces perversions ?
Le règne de l’Antéchrist semble plus fort que jamais…
L’Église ne doit pas avoir peur ! Le Christ a dit : « N’ayez pas peur ! » Jean-Paul II l’a redit. L’Église ne doit pas avoir peur de dire l’Évangile et sa foi en Dieu, qu’elle soit écoutée ou non. C’est sa mission. Celle reçue du Christ Lui-même !
C’est le seul vrai pouvoir qu’elle ait : le pouvoir de la parole ?
Une parole qui sauve l’humanité. Si vous parlez avec clarté et fermeté pour révéler Dieu et sa Parole de Vérité, on vous dit : c’est un fondamentaliste, c’est un intolérant. Mais ce n’est pas vrai ! Est-ce que vous êtes intolérant quand vous dites à votre enfant : mentir ou tricher ce n’est pas bien ! Si vous laissez faire, vous êtes coupable. Et l’Église peut aussi être coupable de se taire. Les chrétiens persécutés, même si on les tue, ne se taisent pas. Leur voix est plus limpide, plus forte et plus glorieuse que la haine, la violence, la confusion mentale de leurs persécuteurs. Si on a peur d’être maltraité, il suffit de regarder ceux qui, autour de nous, meurent pour Jésus, et nous retrouvons courage et force. Leur sang réveille notre foi endormie ou anesthésiée par la mondanité. Il faut aujourd’hui plus de courage à l’Église, aux chrétiens, aux évêques.
Vous le leur dites ?
Je ne dis pas que la manière de m’exprimer a la délicatesse qu’il faudrait. Cependant Jean Baptiste avait des paroles rudes et sévères. Il disait « Engeance de vipères » ! Ce n’était pas très délicat comme parole ! Jésus aussi a été très sévère : Il a fouetté les vendeurs du Temple. Il faut parfois aussi de saines et fraternelles colères comme celle de Jésus. Dieu donne une mission difficile aux prophètes : parlez, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas. Dans le livre d’Ézéchiel, il avertit et explicite la responsabilité du messager divin : quand tu vois le danger venir et que tu n’avertis pas le coupable, s’il meurt, c’est toi qui es responsable. Mais si tu l’avertis et qu’il n’écoute pas, c’est lui le responsable. Notre responsabilité c’est de dire, de parler au nom de Dieu et de Lui seul !
À temps et à contretemps ?
Oui ! En trouvant la pédagogie, la forme, la parole juste pour dire les choses sans trahir la doctrine et sans blesser les personnes.
Il faut commencer par le clergé, si on vous suit bien ?
Bien sûr ! Si le moteur est cassé, la voiture a beau avoir une belle carrosserie, elle ne bouge pas ! Le clergé est le moteur. C’est pourquoi la formation du clergé, sa vie intérieure, est fondamentale. C’est ce que le Christ a fait avec ses Apôtres : pendant trois ans, Il les a pris avec Lui, dans le désert, pour les former avant de les envoyer. Faire naître les gens à la grâce est une responsabilité que nous mendions auprès de Dieu. On n’enseigne pas et on ne conduit pas les autres à Jésus sans L’avoir soi-même rencontré. Saint Jean dit : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons ! » Nous ne sommes pas des professeurs qui communiquent une science apprise dans les livres, nous sommes des témoins. Si, à la fin d’une journée, vous n’avez pas eu cinq minutes avec le Seigneur Jésus, comment voulez-vous conduire les gens à Jésus et les nourrir de sa parole ?
Un évêque africain disait au Concile qu’il suffit de quelques saints pour convertir un pays…
Regardez le Curé d’Ars : n’a-t-il pas changé la France ? Mère Teresa n’a-t-elle pas changé le monde ? Les douze Apôtres n’ont-ils pas bouleversé et transformé le monde par le nom de Jésus !
La France a-t-elle pour vous un rôle spirituel spécifique à jouer ?
Ce n’est pas pour rien qu’on dit que la France est la fille aînée de l’Église. Ce n’est pas un titre, c’est une mission ! Regardez ce que la France a fait pour porter la civilisation chrétienne à travers le monde, en Afrique, en Asie. Voyez les missionnaires français qui ont parcouru le monde. Ce que je suis, ce que je dis, je l’ai reçu de vous, de la France. Je ne sais pas s’il se trouve un pays qui a produit autant de saints ! La France a un rôle essentiel à jouer, y compris du point de vue de la culture, de la civilisation. Mais si elle reste païenne, sécularisée, elle ne le fera pas.
La France, éducatrice des peuples ?
Bien sûr ! Être fille aînée de l’Église est une responsabilité. Et je pense qu’elle continue à jouer ce rôle aujourd’hui malgré les apparences. La France est le pays qui a vu naître beaucoup de nouveaux mouvements religieux. On y perçoit les signes d’une renaissance. Ce n’est pas le nombre de chrétiens qui fait la beauté de l’Église. Le printemps de l’Église, ce sont les saints que le Christ continue à susciter dans son Église. 
 
Médias et liturgie : « Le président de Guinée m'a appelé… »
«  En tant qu’Africain, je suis très surpris de voir que beaucoup de chrétiens, lors des messes pontificales à Rome, n’ont qu’une seule préoccupation : prendre des photos, et se comportent comme s’ils ne se trouvaient pas devant Dieu. Je dois dénoncer l’envahissement des médias, des photographes dans nos célébrations eucharistiques. Même les prêtres qui concélèbrent ont l’audace de prendre des photos. L’Église catholique doit réfléchir et prendre des mesures fermes devant ce phénomène scandaleux et choquant. Les autres croyants, notamment musulmans, sont écœurés et choqués de voir cela dans nos célébrations. Les processions, qui nous conduisent à la célébration du grand mystère de notre foi, sont faites sans aucun recueillement, comme si nous entrions dans un théâtre, sans aucun émerveillement, sans aucune frayeur religieuse de nous trouver face à face avec Dieu. Les célébrants bavardent et discutent sur toutes sortes de futilités en avançant vers l’autel du Seigneur  ! Pour illustrer mon propos, je vous raconte un fait. C’était la consécration de l’église de Saints-Pierre-et-Paul de Bonfi, à Conakry. Il y avait la télévision guinéenne pour couvrir l’événement, et le prêtre responsable des émissions de « La Voix de l’Évangile », qui assurait lui aussi le reportage de la liturgie. Le prêtre portait les ornements liturgiques puisqu’il concélébrait et, accroché à son cou, il avait son appareil photo et jouait sa fonction de journaliste, en même temps qu’il concélébrait. Et la télévision l’a pris en flagrant délit. L’image a été diffusée le dimanche soir. Dès le lendemain matin, le président de la République, M. Lansana Conté, qui est musulman, m’a fait appeler et m’a dit textuellement : “J’ai vu hier soir aux émissions religieuses un de tes prêtres prendre des photos pendant la prière. C’est inadmissible  ! Ce n’est pas le travail du prêtre. Le prêtre doit faire prier les fidèles. Il est le représentant de Dieu au milieu des fidèles et en même temps celui qui nous aide à être attentifs à Dieu. Il ne faut plus qu’il recommence. Si tu as besoin d’un cadreur ou d’un technicien de prises de vues pour les émissions religieuses, demande-le moi, je donnerai immédiatement la personne compétente”. En effet, ce type de compor­tement ne se vérifiera jamais dans une mosquée, car les musulmans ont plus de respect du sacré que la plupart des chrétiens. Ce qui se passe à la basilique Saint-Pierre pendant les célébrations pontificales mérite un examen sérieux. Je reconnais que les temps de silence se sont énormément améliorés. Il faut chercher à vivre la liturgie dans le plus grand respect, un profond sens du sacré et en nous tenant face à Dieu. »
Cardinal Robert Sarah
 
Aymeric Pourbaix et Jean-Marie Dumont

 

Lire l'entretien sur le site de Famille chrétienne:

> Le cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

Famille chrétienne n°1952 du 13 au 19 juin 2015, pp. 10-15

> Acheter le numéro 1952 de Famille chrétienne

 

> Divorce et miséricorde: témoignage d'une mère abandonnée

> Jean-Paul II: "Le chrétien authentique a le devoir de rejeter énergiquement le divorce"

> Cardinal Sarah sur le synode: "Il faut plus de courage à l'Église, aux chrétiens, aux évêques"

 

13/06/2015

Cardinal Sarah: "C'étaient des paroles audacieuses, mais je devais ce service à mon peuple et à Dieu"

 

Les deux premières minutes de l'émission Bibliothèque Médicis avec le Cardinal Sarah:

 

La vidéo complète de l'intervention exceptionnelle du Cardinal Sarah comme invité de l'émission Bibliothèque Médicis présentée par Jean-Pierre Elkabbach, le 10 mars 2015:

 

11/06/2015

Cardinal Sarah sur le synode: "Il faut plus de courage à l'Église, aux chrétiens, aux évêques"

 

cardinal sarah, robert sarah

 

Famille chrétienne publie dans son dernier numéro un entretien avec le Cardinal Robert Sarah, le prélat guinéen que le Pape François a nommé Préfet de la congrégation romaine en charge de la liturgie et des sacrements. Extraits.

 

"Les évêques africains interviendront pour soutenir ce que Dieu demande à l'homme sur la famille et accueillir ce que l’Église a toujours enseigné."

"Certains se concertent pour être plus forts, croyant que ce sont les pressions qui l'emportent. Comme si la doctrine était une question de pression ! "

"Pensez à toutes ces familles où les enfants sont ballotés entre leurs parents séparés. Et la personne qui est abandonnée, alors qu'elle avait tout donné, quelle souffrance ! Personne ne peut consoler cette cassure-là ! On a seulement ' pitié ' de ceux qui contractent un nouveau ' mariage ' civil et qui veulent communier. Pourquoi une telle myopie ? "

"Entre ceux qui suivent le Christ, il n'y a pas de fracture. Le Christ est leur rocher. Si on s'appuie sur Lui, il n'y a pas de division. Ceux qui s'éloignent de Lui ne causent pas une fracture. Ils se détachent. Mais ils ne cassent pas l'Église. Ils quittent Jésus, son enseignement et son Église."

"L'Afrique, dans sa pauvreté, sa faiblesse, ses maladies... est utilisée par Dieu pour manifester sa puissance. C'est pourquoi nous voulons prendre nos responsabilités. Qu'on nous écoute ou qu'on ne nous écoute pas, nous parlerons et on entendra notre parole. Nous nous exprimerons avec respect, délicatesse, mais aussi avec force, en nous appuyant uniquement sur Dieu, notre force."

"Est-ce que vous êtes intolérant quand vous dites à votre enfant: 'mentir ou tricher ce n'es pas bien'? Si vous laissez faire, vous êtes coupable."

"Il faut aujourd'hui plus de courage à l’Église, aux chrétiens, aux évêques."

"Dans le livre d’Ézéchiel, [Dieu] avertit et explicite la responsabilité du messager divin: quand tu vois le danger venir et que tu n'avertis pas le coupable, s'il meurt, c'est toi qui es responsable. Mais si tu l'avertis et qu'il n'écoute pas, c'est lui le responsable. Notre responsabilité c'est de dire, de parler au nom de Dieu, et de Lui seul ! "

"Le clergé est le moteur. C'est pourquoi la formation du clergé, sa vie intérieure, est fondamentale." "On n'enseigne pas et on ne conduit pas les autres à Jésus sans L'avoir soi-même rencontré."

 

Lire l'entretien complet:

> Le cardinal Robert Sarah : « Qu’on nous écoute ou pas, nous parlerons »

Famille chrétienne n°1952 du 13 au 19 juin 2015, pp. 10-15

> Acheter le numéro 1952 de Famille chrétienne

 

> Divorce et miséricorde: témoignage d'une mère abandonnée

> Jean-Paul II: "Le chrétien authentique a le devoir de rejeter énergiquement le divorce"

 

08/03/2015

3 minutes en vérité avec le cardinal Sarah – « La Manif pour tous ? Une manifestation du génie chrétien français »

Menaces de la théorie du genre, nouvelle évangélisation en Europe, rôle de l’Afrique dans l’Église… À l’occasion de la sortie de son ouvrage au titre radical – Dieu ou rien (éditions Fayard) –, le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, laisse parler dans cette vidéo son cœur et ses convictions profondes. Faut-il continuer les manifs pour tous ? « Il est important que vous continuiez cette manière pacifique de manifester votre foi au peuple français ! »


 

Source : Famille Chrétienne

05/03/2015

Le Cardinal Sarah sera à l'église Saint-Eugène-Sainte-Cécile de Paris ce soir à 20h (jeudi 5 mars)

 
 
Un rendez-vous à ne pas manquer !
 

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La semaine dernière, alors que la Curie romaine, rassemblée autour du pape François, effectuait ses traditionnels exercices spirituels de Carême, les éditions Fayard publiaient un livre entretien réalisé par le journaliste Nicolas Diat avec le « ministre de la liturgie » du pape François, le cardinal Robert Sarah, Préfet de la congrégation pour le culte divin et de la discipline des sacrements. Intitulé Dieu ou rien, ce livre offre un portrait intime et saisissant d’un des prélats les plus discrets mais aussi les plus importants du pontificat actuel. En outre, il contient des déclarations d’une rare force sur les grands sujets ecclésiaux d'actualité (formation des prêtres, questions morales, pressions politiques sur l'Église, rapport de l'homme à Dieu, etc.). Le sous-titre du livre, Entretien sur la foi, n’est autre que le titre du livre d’entretien publié par le cardinal Joseph Ratzinger en 1985 (en France, chez Fayard, également).
 
Nous engageons vivement nos lecteurs de la région parisienne à participer à l’une des rencontres de présentation de cet ouvrage que le cardinal Sarah tiendra toute cette semaine et, tout particulièrement, à celle organisée par la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile ce jeudi 5 mars 2015, à 20 heures. Le cardinal Sarah, qui a souhaité que cette tournée de présentation de son livre se fasse au contact des fidèles et pas simplement de la presse, interviendra à Saint-Eugène sur le thème de « La nouvelle évangélisation et la liturgie ». Annoncée au Centre Bergère (9 rue Bergère), cette conférence aura lieu en fait en l’église paroissiale pour permettre à un plus grand nombre de fidèles d’y participer.
 
En avant-première, nous citons le point de vue du cardinal guinéen sur le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI. Un point de vue qui confirme ce que nous écrivions le 3 décembre dernier dans notre lettre 467 saluant la nomination du cardinal : « Le Saint-Père a choisi la voie de la paix, de la continuité et de la compétence » en désignant celui que le cardinal Cañizares souhaitait pour successeur.

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I – LE POINT DE VUE DU CARDINAL SARAH SUR LE MOTU PROPRIO

 

Citations de Dieu ou rien - Entretien sur la foi, éditions Fayard, pages 400-402.

 

J’ai personnellement accueilli Summorum Pontificum avec confiance, joie et action de grâce. Il est comme le signe et la preuve que l’Église, Mater et Magister, reste attentive à tous ses enfants, en tenant compte de leurs sensibilités. Benoît XVI voulait promouvoir la richesse des diverses expressions spirituelles, pourvu qu’elles conduisent vers une réelle et véritable communion ecclésiale et un rayonnement plus lumineux de la sainteté de l’Église. 
Je pense que ce beau motu proprio se situe dans la droite ligne de la volonté des Pères conciliaires. Ainsi, nous ne devons pas faire semblant d’oublier que Sacrosanctum Concilium déclarait : « La liturgie comporte une partie immuable, celle qui est d’institution divine, et des parties sujettes au changement qui peuvent varier au cours des âges ou même le doivent – s’il s’y est introduit des éléments qui correspondent mal à la nature intime de la liturgie elle-même, ou si ces parties sont devenues inadaptées.» 
Dans la lettre qui accompagnait Summorum Pontificum, Benoît XVI écrivait : « D’ailleurs, les deux formes d’usage du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement : dans l’ancien missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. Dans la célébration de la messe selon le missel de Paul VI pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et en être aimé est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce missel.» 
Il est probable que dans la célébration de la messe selon l’ancien missel, nous comprenions davantage que la messe est un acte du Christ et non des hommes. De même, son caractère mystérieux et mystagogique est perceptible de façon plus immédiate. Même si nous participons activement à la messe, cette dernière n’est pas notre action mais celle du Christ. Dans sa lettre apostolique Vicesimus Quintus Annus, Jean-Paul II écrivait : « En quoi consiste cette participation active ? Que faut-il faire ? Malheureusement, cette expression a très souvent été sous-entendue et réduite à sa signification extérieure, autrement dit à la nécessité d’un acte commun, comme s’il s’agissait de faire entrer concrètement en action le plus grand nombre de personnes possible, le plus rapidement possible. Le mot participation renvoie à une action centrale, à laquelle tous doivent participer. Si donc on souhaite découvrir de quelle action il s’agit, il faut avant tout préciser quelle est cette actio centrale, à laquelle doivent prendre part tous les membres de la communauté... Le terme actio, rapporté à la liturgie, nous renvoie aux sources du canon eucharistique. La véritable action liturgique, c’est l’oratio. Cette oratio-prière eucharistique solennelle, le canon, est beaucoup plus qu’un discours, c’est une actio dans le sens le plus élevé du terme. En effet, c’est en elle que se produit l’action humaine qui passe au second plan et laisse place à l’actio divine, à l’action de Dieu.» 
Le motu proprio Summorum Pontificum tente de réconcilier les deux formes du rite romain et il cherche surtout à nous aider à redécouvrir la sacralité de la sainte messe comme actio Dei, et non des hommes. On touche ici un point extrêmement important : le problème de l’indiscipline répandue, le manque de respect et de fidélité au rite, qui peut aussi toucher la validité même des sacrements.

 

II – LE PROGRAMME DE LA VISITE DU CARDINAL EN RÉGION PARISIENNE
 
 
- Jeudi 5 mars à Saint-Eugène-Sainte-Cécile (9ème), à 20 heures.
- Vendredi 6 mars à Versailles, église Saint-Symphorien, à 20 h 30.
- Samedi 7 mars à Saint-Léon (15ème), 16 h 30.
- Dimanche 8 mars, à Saint-Germain-des-Prés (6ème), à l’issue de la messe des jeunes de 19 heures.
- Mardi 10 mars à 20 heures à la Procure (6ème).

 

La paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile a un site internet entièrement consacré à la liturgie et au chant liturgique:

www.schola-sainte-cecile.com

 

Illustrations: 1. Le Cardinal Sarah 2. Le Cardinal Robert Sarah en compagnie de Mgr Athanasius Schneider à l'occasion de l'installation et la consécration d'un nouvel autel au Kazakhstan

19/02/2015

Cardinal Sarah: "J'affirme solennellement que l'Église d'Afrique s'opposera fermement à l'hérésie d'une pastorale détachée du Magistère"

cardinal sarah, robert sarah, cardinal guinéen, entretien sur la foi, pastorale, synode sur la familleLe cardinal Robert Sarah, récemment nommé Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin par le Pape François et ancien Président du Conseil pontifical Cor Unum pour la promotion humaine et chrétienne, publie un livre sous-titré "Entretien sur la foi" qui paraîtra en français le 25 février aux éditions Fayard.

Présentation et extraits proposés par Jean-Marie Dumont. Le dernier extrait évoque le synode sur la famille et la question de la séparation entre Magistère et pastorale.

 

Famille chrétienne | N°1936 du 21 au 27 février 2015 - p.46

livres,synode sur la famille,pastorale,cardinal sarah, entretien sur la foiAuteur : Cardinal Robert Sarah, avec Nicolas Diat
Éditeur: Fayard
Nombre de pages : 260   Prix: 21,90€

L’Afrique pourrait devenir le fer de lance de l’Église dans son opposition à la décadence occidentale, comme l’illustre un livre d’entretien avec le cardinal guinéen Robert Sarah.

Enfant, ses parents lui sourient gentiment lorsqu’il leur dit qu’il veut suivre l’exemple des missionnaires spiritains présents dans son village de Guinée : un Noir ne peut pas devenir prêtre de l’Église catholique ! [Il s'agissait évidemment d'une idée fausse: il y avait déjà des évêques noirs à l'époque, et l’Église catholique a déjà été dirigée par trois papes africains: saint Victor Ier, saint Miltiade et saint Gélase Ier, NdEspN] Aujourd’hui, ce fils de cultivateurs nommé à 32 ans archevêque de Conakry par Paul VI est l’un devenu des principaux responsables de la Curie romaine.

Dans ce livre d’entretien réalisé avec Nicolas Diat, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, raconte avec humilité et profondeur son incroyable histoire. Un récit étayé de réflexions personnelles franches, argumentées et parfois directes, notamment sur le néo-colonialisme idéologique exercé en Afrique par l’Occident décadent. Décapant, émouvant, tonifiant. 

 

Extraits du livre

Abandon « Dans ma vie, Dieu a tout fait ; de mon côté, je n’ai voulu que prier. Je suis certain que le rouge de mon cardinalat est vraiment le reflet du sang de la souffrance des missionnaires qui sont venus jusqu’au bout de l’Afrique pour évangéliser mon village. »

Adoration « Ces tournants, ce sont ces heures, ces moments de la journée où, seul à seul avec le Seigneur, j’ai pris conscience de sa volonté sur moi. Les grands moments d’une vie, ce sont les heures de prière et d’adoration. Ils enfantent l’être, ils façonnent notre véritable identité, ils enracinent notre existence dans le mystère. »

Euthanasie « L’euthanasie est le marqueur le plus aigu d’une société sans Dieu, infra-humaine […]. Pourtant, dans mes voyages, je constate un réveil des consciences. Les jeunes chrétiens d’Amérique du Nord montent progressivement au front pour re-pousser la culture de mort. Dieu ne s’est pas endormi, Il est vraiment avec ceux qui défendent la vie ! »

Exemple « Tous les jours, les spiritains vivaient au rythme des offices, de la messe, du travail, du chapelet, et ils ne dérogeaient jamais à leurs engagements d’hommes de Dieu. Petit enfant, je me disais que si les Pères allaient avec une telle régularité dans l’église, c’est qu’ils étaient certains d’y rencontrer quelqu’un et de lui parler en toute confiance. »

Gender « Concernant mon continent d’origine, je veux dénoncer avec force une volonté d’imposer de fausses valeurs en utilisant des arguments politiques et financiers. Dans certains pays africains, des ministères dédiés à la théorie du genre ont été créés en échange de soutiens économiques ! Ces politiques sont d’autant plus hideuses que la plus grande partie des populations africaines est sans défense, à la merci d’idéologues occidentaux fanatiques. »

Prière « La véritable prière laisse Dieu libre de venir à nous selon sa volonté. Nous devons savoir L’attendre dans le silence. Il faut durer dans le silence, dans l’abandon et dans la confiance. Prier, c’est savoir se taire longtemps ; nous sommes si souvent sourds, distraits par nos paroles… »

Transmission « Mon père m’a appris à beaucoup aimer la Vierge Marie. Je le revois encore se jeter à genoux, dans le sable d’Ourous, pour prier l’Angélus, chaque jour, à midi et le soir. Je n’ai jamais oublié ces moments où il fermait les yeux pour rendre grâce à Marie. Je l’imitais et je récitais mes prières pour la mère de Jésus, à ses côtés. »

Synode « L’idée qui consisterait à placer le Magistère dans un bel écrin en le détachant de la pratique pastorale, qui pourrait évoluer au gré des circonstances, des modes et des passions, est une forme d’hérésie, une dangereuse pathologie schizophrène. J’affirme donc avec solennité que l’Église d’Afrique s’opposera fermement à toute rébellion contre l’enseignement de Jésus et du Magistère. » 

Jean-Marie Dumont

 

25/11/2014

Le Cardinal Sarah nommé Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements

Le communiqué officiel du Vatican du 24 novembre 2014 annonce:

"En date du 23 novembre 2014, le Saint-Père a nommé Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements Son Éminence le Cardinal Robert Sarah, jusqu'alors Président du Conseil Pontifical Cor Unum."

 

1634996239.jpgLe Pape François a nommé le cardinal Sarah à la tête de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, le dicastère romain chargé de la liturgie. Le nouveau préfet du Culte divin remplace le très ratziguérien cardinal Cañizares Llovera (lequel était nommé le « petit Ratzinger » en raison de sa taille et de sa communion d’idées avec Benoît XVI), désormais à la tête de l’archevêché de Valence (Espagne) depuis août dernier. La nomination du cardinal Sarah s’inscrit globalement dans la même lignée.

Né en 1945 en Guinée, Robert Sarah a été ordonné prêtre en 1969, l’année de l’application de la réforme liturgique mise en place par Paul VI à la suite des demandes du concile Vatican II. Dix ans après son ordination, l’abbé Sarah est nommé par le pape Jean-Paul II, évêque de Conakry. Il a tout juste 34 ans et il prend la tête de ce diocèse dans le contexte politique d’un pays officiellement non-aligné mais qui s’appuie essentiellement sur l’aide de l’Union soviétique. Tout naturellement, Mgr Sarah, au regard de son origine et de ses compétences, de sa foi profonde et de sa grande capacité de travail, est appelé en 2001 comme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Créé cardinal par le pape Benoît XVI, en 2010, il est placé par celui-ci à la tête du Conseil pontifical Cor Unum. Tout dernièrement, il a été l’un des participants du Synode extraordinaire sur la famille.

Une forte interrogation

Sa nomination à la tête du Culte divin arrive à un moment de forte interrogation. Récemment deux sous-secrétaires de la Congrégation, Mgr Ferrer et le Père Ward ont été limogés alors qu’ils étaient de très fidèles collaborateurs du cardinal Cañizares et qu’ils étaient dans la ligne du pape Benoît XVI, celle de l’herméneutique de la continuité et de la réforme de la réforme, au plan liturgique. L’arrivée de Mgr Roche, comme secrétaire, et du Père Maggioni, comme nouveau sous-secrétaire, augmentait encore l’idée d’une « purge » des ratzinguériens au profit des tenants d’une ligne beaucoup plus moderne. De ce fait, le nom de Mgr Piero Marini, très opposé à la vision de Benoît XVI, circulait déjà comme préfet probable de la Congrégation pour le Culte divin.

Un homme d'équilibre

Le Pape François a finalement tranché et c’est un homme d’équilibre qui prend la tête de ce dicastère. S’il n’est pas un liturgiste, le cardinal Sarah est un homme de conviction et d’action, et qui ne mâche pas ses mots. En 2011, alors qu’il procédait aux ordinations au sein de la Communauté Saint-Martin, il avait prononcé un sermon qui avait profondément marqué les participants et ceux qui en eurent connaissance. Il y déclarait notamment :

« Le prêtre doit être exclusivement un homme de Dieu, un saint ou un homme qui aspire à la sainteté, quotidiennement adonné à la prière, à l’action de grâce et à la louange, et renonçant à briller dans des domaines où les autres chrétiens n’ont nul besoin de lui. Le prêtre n’est pas un psychologue, ni un sociologue, ni un anthropologue, ni un chercheur dans les centrales nucléaires, ni un homme politique. C’est un autre Christ ; et je répète : il est vraiment “Ipse Christus, le Christ lui-même”, destiné à soutenir et à éclairer les âmes de ses frères et sœurs, à conduire les hommes vers Dieu et à leur ouvrir les trésors spirituels dont ils sont terriblement privés aujourd’hui. Vous êtes prêtres pour révéler le Dieu d’amour qui s’est manifesté sur la Croix et pour susciter, grâce à votre prière, la foi, l’amour et le retour de l’homme pécheur à Dieu.

En effet, nous vivons dans un monde où Dieu est de plus en plus absent et où nous ne savons plus quelles sont nos valeurs et quels sont nos repères. Il n’y a plus de références morales communes. On ne sait plus ce qui est mal et ce qui est bien. Il existe une multitude de points de vue. Aujourd’hui, on appelle blanc ce qu’hier on appelait noir, ou vice versa. Ce qui est grave, ce n’est pas de se tromper ; c’est de transformer l’erreur en règle de vie. Dans ce contexte, comme prêtres, pasteurs et guides du Peuple de Dieu, vous devez avoir la préoccupation constante d’être toujours loyaux envers la Doctrine du Christ. Il vous faut constamment lutter pour acquérir la délicatesse de conscience, le respect fidèle envers le dogme et la morale, qui constituent le dépôt de la foi et le patrimoine commun de l’Église du Christ (…).

Si nous avons peur de proclamer la vérité de l’Évangile, si nous avons honte de dénoncer les déviations graves dans le domaine de la morale, si nous nous accommodons à ce monde de relâchement des mœurs et de relativisme religieux et éthique, si nous avons peur de dénoncer énergiquement les lois abominables sur la nouvelle éthique mondiale, sur le mariage, la famille sous toutes ses formes, l’avortement, lois en totale opposition aux lois de la nature et de Dieu, et que les nations et les cultures occidentales promeuvent et imposent grâce aux masse-media et à leurs puissances économiques, alors les paroles prophétiques d’Ezéchiel tomberont sur nous comme un grave reproche divin. (…)

Vous, chers amis et serviteurs bien-aimés de Dieu, aimez à vous asseoir dans le confessionnal pour attendre les âmes qui veulent avouer leurs péchés et désirent humblement revenir dans la Maison paternelle. Célébrez l’Eucharistie avec dignité, ferveur et foi. Celui que ne lutte pas pour prêcher l’Évangile, convertir, protéger, nourrir et conduire le Peuple de Dieu sur la voie de la vérité et de la vie qui est Jésus lui-même, celui qui se tait devant les déviations graves de ce monde, ensorcelé par sa technologie et ses succès scientifiques, s’expose à l’un ou l’autre de ces esclavages qui savent enchaîner vos pauvres cœurs : l’esclavage d’une vision exclusivement humaine des choses, esclavage du désir ardent de pouvoir ou de prestige temporel, l’esclavage de la vanité, l’esclavage de l’argent, la servitude de la sensualité.

Et il n’y a qu’une voie qui puisse nous libérer de ces esclavages et nous conduire à assumer pleinement notre ministère de pasteurs et de bergers : c’est la voie de l’amour. L’amour, l’agapè, est la clef pour comprendre le Christ. Et pour celui qui exerce le ministère pastoral dans l’Église, il ne peut puiser ses énergies que dans un amour suprême pour le Christ : faire paître le troupeau est un acte d’amour. C’est parce que l’amour nous lie étroitement et intimement au Christ que nous sommes à même de paître son troupeau, et ce lien d’amour avec le Christ est si fort que nous ne pouvons plus aller où nous voulons ».

Source : L'homme nouveau

Illustration: Le Cardinal Robert Sarah en compagnie de Mgr Athanasius Schneider à l'occasion de l'installation et la consécration d'un nouvel autel au Kazakhstan

Le Cardinal Sarah s'est toujours montré respectueux de la liturgie, et favorable à la liturgie traditionnelle, comme récemment à travers sa participation au pèlerinage à Rome du Coetus Internationalis Summorum Pontificum.

 

Voir aussi:

> Le Cardinal Sarah dénonce un climat d'apostasie parmi les croyants

> Le Cardinal Sarah nouveau Préfet de la Congrégation du Culte Divin

> New Prefect of Divine Worship and Discipline of the Sacraments

 

05/11/2013

Le cardinal Sarah dénonce un climat d'apostasie parmi les croyants

 

Le constat du Président du Conseil Pontifical Cor Unum à Trieste lors de la réunion des conférences épiscopales européennes (4 novembre)

Robert_Sarah.jpg« Même parmi les baptisés et les disciples du Christ, il y a aujourd'hui une sorte « d'apostasie silencieuse », un rejet de Dieu et de la foi chrétienne en politique, en économie, dans le domaine éthique et moral ainsi que dans la culture occidentale postmoderne. » Le cardinal Robert Sarah, Président du Conseil Pontifical Cor Unum, a fait ce constat à Trieste dans son intervention lors du premier jour de la réunion sur la charité, promue par les conférences épiscopales européennes.

« Involontairement- a dit le prélat – nous respirons à pleins poumons des doctrines qui vont à l'encontre des êtres humains et qui génèrent de nouvelles politiques qui ont un impact en érodant, en détruisant, en démolissant et en agressant gravement, de façon lente mais constante, par-dessus tout sur l'être humain, sur sa vie, sur sa famille, sur son travail et sur ses relations interpersonnelles. Nous n’avons même plus le temps de vivre, d'aimer, ni d'adorer. Voici un défi exceptionnel pour l'Eglise et pour la pastorale de la charité. L'Eglise, en effet - a-t-il insisté – pointe également les différentes formes de souffrance dont est victime la personne humaine. »

Selon le Cardinal Sarah « un humanisme sans Dieu, jumelé avec un subjectivisme exacerbé, idéologies qui sont aujourd'hui véhiculées par les médias et par le biais de groupes très influents et très puissants financièrement, se cachent sous les apparences de l’aide internationale et opèrent également dans l'environnement ecclésial ainsi que dans nos agences caritatives ».

Pour l'Eglise, par conséquent, a-t-il conclu, « les valeurs chrétiennes qui la guident et l'identité ecclésiale de l'activité caritative ne sont pas négociables ; elles doivent rejeter toute idéologie contraire à l'enseignement divin, rejeter catégoriquement tout soutien économique ou culturel qui imposerait des conditionnements idéologiques opposés à la vision chrétienne de l'homme ".

 

Source: Vatican Insider via Belgicatho pour la traduction française